Usure professionnelle : comment travailler différemment

Usure professionnelle : comment travailler différemment

C’est inéluctable : le vieillissement de la population va engendrer une part croissante des plus de 50 ans dans les effectifs des entreprises du BTP. En prolongeant la durée de la vie active, la loi sur les retraites nécessite de repenser la manière de concevoir le travail. Car certaines études pointent une réalité : en fin de carrière, une partie des effectifs cesse de travailler pour des raisons de santé et de handicap. Alors que faire pour prévenir cette situation ? Le sujet est étroitement corrélé à celui des troubles musculo-squelettiques, responsables de 88 % des maladies professionnelles, selon l’Assurance maladie. C’est d’ailleurs l’orientation prise par le fonds d’investissement pour l’usure professionnelle (Fipu), lancé le 18 mars dernier, qui finance des projets destinés à améliorer la prévention des expositions aux facteurs de risques professionnels dits « ergonomiques ».

Des aides techniques
Pour aider les collaborateurs dans la réalisation des tâches difficiles, il existe de nombreux équipements : des aides à la manutention (poignées, ventouses), du matériel roulant… Ils permettent de soulager les salariés et aident particulièrement les plus âgés. Le groupe Roulliaud (250 salariés), spécialiste du second œuvre implanté en Touraine, expérimente ainsi des exosquelettes sur un chantier physique qui nécessite la participation des seniors de l’entreprise, seuls à disposer d’un savoir-faire rare : le ponçage de la pierre de tuffeau en façade. « Le ponçage exige le port d’une machine de 2,5 kg, les bras en l’air, témoigne Bruno Da Silva, 45 ans. À la fin de la journée, on a l’impression qu’elle est beaucoup plus lourde. L’exosquelette nous soulage. »

Une démarche globale
Ces aides techniques, si elles peuvent être utiles, ne sont néanmoins pas suffisantes. Pour être efficaces, ces équipements doivent s’inscrire dans une démarche globale d’amélioration continue dans la durée. « Avant de se précipiter vers des solutions technocentrées, il faut analyser le travail. On obtiendra de meilleurs résultats. L’une des premières mesures organisationnelles à prendre, c'est d'amener les équipes à échanger sur leur travail et la manière de le réaliser avec un maximum de sécurité et de confort », martèle Pascal Girardot, ergonome et expert en charge de la prévention de l’usure professionnelle à la direction technique de l’OPPBTP. Cette approche nécessite de comprendre les déterminants de l'activité. « Il ne sert à rien de dire à une personne de cesser de se pencher en avant pour préserver son dos. Il faut trouver des solutions dans le travail réel qui lui permettront de ne pas le faire », poursuit-il. De ces analyses émergent des adaptations : planifier une diversité de tâches, réfléchir à l’organisation intelligente des approvisionnements, prévoir des binômes pour les charges lourdes… C'est dans ce but, qu'au cours du programme Adapt-BTP de l’OPPBTP, les équipes de Combles d'en France ont analysé leur manière de travailler et ont rédigé des règles de sécurité incontournables.

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